mardi 5 mai 2009

Dieudonné : facile, pas cher, mais ça ne rapporte pas gros

Dieudonné va présenter des listes aux élections européennes : c'est la grande nouvelle du jour. Aussitôt, l'Élysée, par la voix de Claude Guéant, a manifesté son opposition au nom de toutes sortes de valeurs républicaines, omettant sans doute de nous transmettre les plus importantes à ses yeux.

Il faut dire qu'à l'Ump, on a de quoi être fâchés : les élections européennes n'intéressent à peu près personne, les listes ne sont toujours pas bouclées, et les militants renâclent à mettre la main à la pâte (c'est un copain Ump qui me l'a expliqué : on te fait bosser en te promettant une place sur la liste, et au dernier moment, on te dit qu'on est désolé...)

M. Guéant a sans doute cru que s'en prendre à un hurluberlu raciste, c'était comme le loto : facile, pas cher, et ça peut rapporter gros.

Facile : il est raciste, il a des propos outranciers. En contre-partie, moi, je suis ouvert et mesuré.

Pas cher : je dispose d'une arme de guerre – l'Ump – et de fidèles médias qui vont relayer mon indignation. Il n'a aucun moyen (ou presque).

Ça peut rapporter gros : le vote de tous ceux qui cherchent des hommes politiques incarnant des valeurs.

Le grand gagnant de cette attaque républicaine, c'est sans nul doute Dieudonné lui-même. Vincent Peillon (PS) l'a dit autrement : il ne mérite pas tant d'attention. Imaginez : il est la victime (facile) ; il n'a pas les moyens financiers de l'UMP (pas cher), et tout le monde parle de lui et de ses listes (ça rapporte gros à tous ceux qui veulent faire un pied de nez à l'UMP).

Le problème des politiques, c'est qu'ils confondent leur public et leurs électeurs.

Leur public, c'est la cour de ceux qui espèrent gagner quelque pouvoir ou avantage en flattant le prince. Ils diront toujours « oui ».

Leurs électeurs, c'est, un rang derrière, les personnes ordinaires qui attendent que l'on traite d'affaires plus sérieuses, moins « républicaines », mais plus existentielles. Ils diront toujours « méfiance » en écoutant les déclarations des politiques.

Continuons de travailler, dans notre vie de citoyen ordinaire : c'est probablement ainsi que nous aiderons au mieux la société.

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