dimanche 17 mai 2009

Benoît XVI en Israël : la parole est aux Juifs

Il est intéressant d'entendre les réactions de Juifs, telle celle lue récemment dans "La Croix" : un journaliste était à côté d'une famille juive qui a joué le jeu et a suivi le discours en direct.
Elles (la mère, sa soeur et la fille) disent : cela manque d'émotion ; il n'a pas utilisé le mot "assassinat". Puis la plus jeune conclut : on ne peut pas attendre d'un non-Juif qu'il parle comme un Juif. Autre point positif : Même s’il est peu expressif, ses regards pour les survivants sont très intenses.

C'est amusant de voir que, parfois, la sagesse ne vient pas des aînés : super senex intellexi, quia mandata tua quaesivi dit le psaume. En version adaptée, on pourrait dire : j'ai mieux compris que les anciens, parce que je ne suis pas autant soumis à leurs passions.

Cela m'a fait penser au livre "La stratégie des Antilopes", qui donne la parole à des Hutus, rescapés du génocide rwandais. Ils ont le même discours que ces Juives, tout empreint de sagesse africaine : on ne peut parler d'atrocités qu'on n'a pas vécues comme ceux qui les ont vécues. Seuls les morts pourraient dire ce qu'ils ont ressenti en mourant sous les coups... mais ils sont morts.

Respectons les réactions de certains Juifs, déçus du manque d'émotion de Benoît XVI. N'accordons pas plus d'importance que cela à la réaction critique d'un rabbin, montée en épingle par des médias frustrés de polémique durant ce voyage.

Et relisons plutôt les discours et les silences du pape en respectant la personnalité et l'histoire d'un homme dont l'intelligence est peut-être trop élevée pour notre époque.

mardi 12 mai 2009

Brigitte Bardot, présidente de l'Europe ?


Nouvelle séquence émotion au JT : d'affreux chasseurs massacrent des phoques qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Puis « BB » se roule dans la neige aux côtés d'un phoque vivant qui, lui non plus, ne comprend pas ce qui lui arrive.

On célèbre une grande victoire chez les amis des animaux : dorénavant, tout ce qui se fait à base de phoque sera interdit dans l'Union Européenne. Vive les phoques qui, a-t-on appris dans le même reportage, ne sont pas en voie d'extinction. On appellera cela « principe de précaution ».

Les seuls à râler, ce sont les affreux chasseurs Inuits : ils viennent de voir subitement disparaître le produit de leur labeur et de leur subsistance. Ils peuvent difficilement faire grève – ils n'ont pas de syndicats. Et ils auront du mal à s'exprimer – leur cause n'est pas très émotionnelle.

Comble de malchance, le monde est en pleine crise économique. On voit mal comment ils vont pouvoir s'en sortir. Eux non plus, ils ne comprennent pas ce qui leur arrive.

Mais ce n'est pas si grave. Dans une société qui considère que l'homme abîme la création, l'essentiel n'est-il pas de préserver la nature par dessus tout ?

Pour la représentante des Inuits, « les Européenns ne se rendent pas compte de ce qu'ils font ». Je crois qu'elle se trompe. Les Européens ont toujours été et seront toujours colonialistes. Ils disent, jugent et imposent leur vérité à toute l'humanité. Sans le moindre respect de la dignité de l'homme.

dimanche 10 mai 2009

Anges et démons : recherche polémique désespérément


Depuis plusieurs semaines, Ron Howard cherche désespérément quelqu'un qui l'attaque, sinon un évêque, du moins un Monseigneur. C'est pour le lancement de son film, le 13 mai prochain, à Rome : il a un besoin urgent d'anathème, de condamnation, ou du moins de critique. Mais le problème est double : d'une part, on a appris que le Vatican ne réagirait pas à ce film. D'autre part, Anges et démons n'a pas la moindre prétention théologique ou historique qu'affichait Da Vinci Code. Il faut dire que croire qu'un cardinal puisse être le fils du pape, ça frise le ridicule... ou l'anticléricalisme primaire.

Eurêka ! Après beaucoup d'efforts et de dollars, les producteurs ont quand même trouvé quelque chose. L'évêque émérite de Nargo et Gallipolli, en Italie, a présenté (ou pense le faire) une critique. Le problème est que l'évêque a 103 ans, il s'appelle Antonio Rosario Mennonna et il a pris sa retraite en 1981... Il semble difficile de faire de l'action de ce « vénérable ancien » une agression musclée du Vatican qui s'en prendrait à la création artistique...

Quelques journaux se sont joints à la campagne de marketing, à force d'interviews et de reportage de tel ou tel acteur, à commencer par Tom Hanks. Chacun aura pu le voir, il y a une semaine, interrogé sur France 2 par « Charming » (Laurent Delahousse ; il me fait penser à « prince charmant » du film de Walt Disney « Il était une fois »).

Deux cent cinquante journalistes (250) ont même le voyage offert à Rome pour assister à l'événement. Publicité gratuite ? On peut au moins espérer qu'en ces temps difficiles, la presse recevra plus qu'une place de cinéma pour sa collaboration à cette campagne de marketing. Nous assistons peut-être à la nouvelle façon de compenser l'effondrement des recettes publicitaires !

D'après diego contreras / www.laiglesiaenlaprensa.com /

jeudi 7 mai 2009

Anges et démons : l'histoire de l'histoire


Source: Paolo Rodari, vaticaniste et journaliste à Il Riformista et http://lesuisseromain.hautetfort.com/

Le Vatican, ce petit bout de territoire de quelques mètres carrés regarde Rome depuis de nombreuses années, avec ses secrets, ses silences et ses histoires jamais racontés. Un petit lambeau de terre qui attire comme il effraye, avec chambres et corridors qui bien plus que parler se taisent...

Ce n'est pas par hasard che Dan Brown écrivit Anges et Démons en l'an 2000. "A l'époque, explique Zaccuri, l'Eglise était particulièrement mise en échec par le scandale des prêtres pédophiles. L'Eglise donnait un image de secret et Dan Brown a surfé sur cette image piquant alors la curiosité des lecteurs. Le scénario et les choses qu'il décrit son souvent superficiels, mais le public non-expert reste frappé et attiré. Le mystère est là, à portée de main tout en restant caché et voilé à la multitude. Dans "Anges et Démons", les illuminés luttent contre le Vatican dans la tentative de découvrir ce que les ecclésiastiques leur tiennent caché".

John Wauck est professeur de littérature et de communication de la foi à l'Université pontificale de la Sainte Croix de l'Opus Dei. Américain, il explique la fascination du Vatican éprouvée par les écrivains américains: "La fascination vient du fait que dans l'Eglise catholique nous trouvons ce que nous ne trouvons pas facilement aux USA : les grands traditions de l'histoire, de l'art et de la religion. Lorsque nous nous trouvons à la pace Saint-Pierre, nous avons devant nous un obélisque égyptien, une nécropole romaine, la basilique la plus fameuse du monde, la Chapelle sixtine, la Pietà, la tombe de Saint Pierre, les appartements du Pape, l'endroit où Jean Paul II a subi son attentat, les chambres de Raphaël, les colonnes de Bernini... Ce sont toutes des choses que nous ne trouvons pas dans les périphéries de Chicago. Ce sont des choses qui, mises ensemble, forment un parfait cocktail pour un roman. C'est pour cela que cela ne me surpend pas que l'effet principal de "Da Vinci Code" n'ait pas été la chute de la pratique religieuse mais plutôt l'augmentation du tourisme à Rome et au Louvre".

mercredi 6 mai 2009

Anges et démons : le marketing fait-il des miracles ?


Après la grosse déception causée par l'adaptation au cinéma du Da Vinci Code, Dan Brown et toute la clique en remettent une couche avec Anges et Démons. Et là, on peut avoir peur...

Souvenons-nous des réactions du public, hilare en entendant la pauvre Audrey Tautou expliquer qu'elle était la fille ou la femme (ou les deux) de Jésus ! Quelle mortification a-t-elle dû ressentir, combien plus douloureuse que celles du fameux Silas.

Da Vinci Code était qualifié de bon thriller ; il a enfanté d'un navet.

Qu'attendre de ce nouveau film qui, lui, est l'adaptation d'un gros navet ? Même Audrey Tautou ne fait pas partie de l'équipée(il faut dire qu'elle a vraiment eu la honte ;-))

Je ne vais pas vous révéler l'histoire, même si vous ne l'avez pas lue. A force de retournements de situation, de héros qui sautent d'hélicos en parachute (sans se faire découper...), d'effets spéciaux et de re-retournements, on arrive à la fin.

Disons qu'une fois de plus, les méchants sont l'Église catholique, à commencer par les cardinaux, et que les gentils sont les hommes de science. C'est assez plat, mais Dan Brown a une dent contre l'Église : il l'avait expliqué à l'époque du Da Vinci.

Et le pire dans tout ça ? Ce sont les gens qui vous diront : « on vous l'avait bien dit : l'Église nous manipule depuis des siècles ». Et Dan Brown, lui, il vous manipule depuis combien de temps ?

Lien pour en savoir plus sur les "sources historique" du film, voir le blog de Patrice de Plunkett

mardi 5 mai 2009

Dieudonné : facile, pas cher, mais ça ne rapporte pas gros

Dieudonné va présenter des listes aux élections européennes : c'est la grande nouvelle du jour. Aussitôt, l'Élysée, par la voix de Claude Guéant, a manifesté son opposition au nom de toutes sortes de valeurs républicaines, omettant sans doute de nous transmettre les plus importantes à ses yeux.

Il faut dire qu'à l'Ump, on a de quoi être fâchés : les élections européennes n'intéressent à peu près personne, les listes ne sont toujours pas bouclées, et les militants renâclent à mettre la main à la pâte (c'est un copain Ump qui me l'a expliqué : on te fait bosser en te promettant une place sur la liste, et au dernier moment, on te dit qu'on est désolé...)

M. Guéant a sans doute cru que s'en prendre à un hurluberlu raciste, c'était comme le loto : facile, pas cher, et ça peut rapporter gros.

Facile : il est raciste, il a des propos outranciers. En contre-partie, moi, je suis ouvert et mesuré.

Pas cher : je dispose d'une arme de guerre – l'Ump – et de fidèles médias qui vont relayer mon indignation. Il n'a aucun moyen (ou presque).

Ça peut rapporter gros : le vote de tous ceux qui cherchent des hommes politiques incarnant des valeurs.

Le grand gagnant de cette attaque républicaine, c'est sans nul doute Dieudonné lui-même. Vincent Peillon (PS) l'a dit autrement : il ne mérite pas tant d'attention. Imaginez : il est la victime (facile) ; il n'a pas les moyens financiers de l'UMP (pas cher), et tout le monde parle de lui et de ses listes (ça rapporte gros à tous ceux qui veulent faire un pied de nez à l'UMP).

Le problème des politiques, c'est qu'ils confondent leur public et leurs électeurs.

Leur public, c'est la cour de ceux qui espèrent gagner quelque pouvoir ou avantage en flattant le prince. Ils diront toujours « oui ».

Leurs électeurs, c'est, un rang derrière, les personnes ordinaires qui attendent que l'on traite d'affaires plus sérieuses, moins « républicaines », mais plus existentielles. Ils diront toujours « méfiance » en écoutant les déclarations des politiques.

Continuons de travailler, dans notre vie de citoyen ordinaire : c'est probablement ainsi que nous aiderons au mieux la société.

lundi 4 mai 2009

Les victimes collatérales de la grippe A


Tandis que les autorités sanitaires se veulent de plus en plus rassurantes sur une grippe qui aura essentiellement fait parler d'elle (malgré un nom peu romantique : A ou N1H1), Le Monde nous apprend que le combat ne fait que commencer en Égypte.

Pourquoi l'Égypte ? Y aurait-il des cas de grippe ? Que nenni !

Il y a simplement, dans ce pays à 80% musulman, des coptes (chrétiens) qui ont l'insigne honneur ou bonheur d'exercer le métier de chiffonnier, et qui nourrissent leurs cochons de déchets comestibles trouvés dans les poubelles des grands hôtels.

Or, le cochon, tout le monde le sait, est un animal considéré comme impur dans la religion musulmane.

Certains groupes de pression auraient donc profité des événements et de la peur de la grippe A pour faire voter une loi exigeant l'abattage des cochons coptes. Histoire de de ruiner encore un peu plus ces miséreux et de purifier le terrain, peut-on imaginer.

La première tentative s'est soldée par un affrontement avec les forces de l'ordre venues arrêter les cochons, qui ont paisiblement continué de patauger dans leurs immondices pendant que leurs propriétaires les défendaient corps et bien.

En attendant un rebondissement dans cet épisode porcif, j'invite les Mexicains en voyage dans ce magnifique pays à se tenir sur leurs gardes.